EDITO SEPTEMBRE 2015

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La raison et l’honneur

Lorsqu’un événement inévitable et intensément dramatique est annoncé, plusieurs postures sont possibles. La première est celle de l’autruche et nécessite un seau de sable. Peu coûteuse et facile, son efficacité est toutefois relative… La seconde habille la peur et l’incompétence d’une justification intellectuelle qui va noyer l’essentiel dans les détails. Cela passe généralement par la création de commissions et l’animation de débats dont l’efficacité sera inversement proportionnelle aux coûts et  au battage médiatico-politique qui les accompagnent.

Il y a enfin celle du courage et de la lucidité. Celle qui, quelles que soient les conséquences et l’intensité des risques, verra, au-delà de l’émotion et du conjoncturel, la véritable portée historique, comme la simplicité, de l’ événement.

La France, comme le reste de l’Europe, est aujourd’hui confronté, avec l’arrivée massive de demandeurs d’asile, à une réalité qui, loin d’être unique dans notre histoire commune, n’en est pas moins dramatique en ce qu’elle engage notre intelligence, notre avenir et notre âme.

Notre intelligence tout d’abord, et c’est en cela que l’Allemagne est exemplaire, dans l’évidence qu’aucune loi, qu’aucune déclamation, police, frontière, mur ou barbelé ne sauraient stopper la vague humaine fuyant les dictatures, la guerre, le fondamentalisme et la mort. A défaut de prévenir et d’anticiper lucidement, nous subirons dans l’urgence et le chaos.

Notre intelligence encore dans le refus d’une comptabilité de boutiquier et d’un calcul électoral qui fixeraient arbitrairement, et pour la France, des quotas d’accueil à … 24 000 sur 2 ans !  Position ridicule face aux 440 000 espagnols réfugiés en 1939, aux 2 millions de rapatriés accueillis en 1962, aux 120 000 boat people des années 1970,… Proposition illégale au regard de la Constitution, des lois et des traités internationaux qui nous engagent à l’asile politique sans limitation de nombre et de durée. Choix étriqué aussi, par un malthusianisme aussi simpliste que paresseux qui fige la taille du gâteau à partager plutôt que de reconnaître la possibilité, la nécessité naturelle de son augmentation.

Notre avenir ensuite, dans la compréhension, non seulement que la plupart des demandeurs d’asile (qui sont nos amis parce que martyrisés par nos ennemis) retourneront chez eux dès que possible pour construire des sociétés meilleures participant à la stabilité de notre monde. Quant à ceux qui resteront, ils contribueront, comme toutes les migrations importantes précédentes, à la richesse et au dynamisme de nos sociétés vieillissantes.

Notre âme enfin car ce serait la perdre, et avec elle toute chance de préserver les valeurs qui nous constituent et qui, paradoxalement, justifient l’attractivité de l’asile de paix que nous représentons, que d’accepter le repli, la fermeture, l’égoïsme et la soumission à la peur de l’autre.

Ceux – la mêmes qui nous y poussent invoquent sans vergogne les racines chrétiennes de la civilisation européenne pour se justifier. Si ces racines sont incontestables, que l’on soit croyant ou athée, une telle utilisation est honteuse et dévoie profondément les principes même, non seulement de la référence religieuse, mais aussi de la République.

Notre Pays a un urgent besoin de grandes causes, et c’est ce qui fait sa grandeur. Il dispose, même si eux-mêmes l’oublient parfois, des hommes et des femmes capables de les porter et de les défendre. L’intendance, indispensable, suivra.

Il a l’occasion aujourd’hui de retrouver sa fierté, sa confiance et son unité dans l’honneur.

A défaut, et pour paraphraser Churchill après les accords de Munich : à vouloir l’ordre dans le déshonneur, Il aura le désordre et le déshonneur !

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