Taxi !
Les récentes manifestations des taxis, improprement qualifiées de grèves, dénotent à la fois d’une situation ubuesque et inique, et de la faiblesse coupable et complice des gouvernements successifs qui y ont été confrontés.
Il ne s’agit pas de grèves, mais de l’expression illégale du mécontentement profond d’une petite corporation (51 000 taxis en France, dont seulement 16 000 à Paris), protégée par un numerus clausus incohérent, et bloquée par une valorisation naturelle et spéculative de licences en nombre insuffisant.
La paralysie de nos grandes villes, gares et aéroports, la prise en otage de dizaine de milliers de citoyens et de visiteurs, les violences verbales et physiques, sont des non-sens démocratiques autant qu’économiques.
En effet, comment pouvons-nous sérieusement tolérer qu’une minorité, même exaspérée, puisse impunément peser aussi lourdement sur l’immense majorité ?
Qui peut croire que cette situation (règlementaire et corporatiste), héritée d’un autre âge, puisse perdurer dans une société qui, quelles qu’en soit les forces conservatrices, ne pourra plus accepter que le privilège puisse continuer à bloquer la vivacité et l’innovation.
Il est urgent d’y mettre un terme, et deux voies sont possibles.
La première est économique et dépend d’une solution intelligente d’indemnisation totale ou partielle des licences (dont le prix est le résultat de la loi du marché, sachant que l’attribution de licences est rare, mais gratuite). Etant entendu que son coût ne doit pas être supporté par le contribuable, mais bien par une profession dont la libéralisation entrainera naturellement une augmentation significative de ses représentants (plus 60 000, rien qu’à Paris, selon les estimations du Rapport Attali en 2008).
La seconde, extrême, serait politique. Le corporatisme, allié à une passivité confortable de l’Etat depuis un siècle, ont créé un monopole de fait qui s’assimile à une forme de « service publique du transport privé ».
Le préambule de la Constitution de 1946 (art.9) stipule que : « Tout bien, toute entreprise, dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ». A défaut d’être capable de négocier une solution compatible, et souhaitable, avec une économie libérale, une forme de nationalisation d’ordre public devra s’imposer.
L’enjeu est considérable. Au-delà d’un problème aussi catégoriel que néfaste, c’est la compréhension et l’organisation d’une nouvelle société dynamique, efficace, et créatrice d’emplois, une économie libéralisée « par le bas », qui s’impose aujourd’hui. La libération du consommateur rejoignant ainsi celle de l’Entrepreneur qui le sert.