EDITO JUILLET 2014

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L’interrogation sur le rôle des syndicats* dans notre pays fait partie de ces interdits du politiquement correct. Il s’agit pourtant d’un sujet majeur qui touche aux fondements même de notre modèle économique et de sa modernisation : les situations de monopole et la libre concurrence.

Avec un taux de salariés syndiqués le plus faible des Pays de l’OCDE (7.5% de la population active, dont les deux tiers issus de la fonction publique), et malgré quelques tentatives timides du législateur (lois de mai 2004/dialogue social et août 2008/représentativité), le syndicalisme français reste incapable de contribuer efficacement au développement de notre société.

Oscillant généralement entre corporatisme et démagogie bien pensante, bénéficiant de la bienveillance prudente de politiques effrayés par les prises d’otages dont sont capables quelques centaines de personnes motivées, nos syndicats s’arc-boutent sur une représentativité qui n’est plus que l’ombre d’un passé glorieux, la préservation d’avantages dont le caractère « acquis » n’a plus de sens, et un discours convenu dont le creux ne peut plus être ignoré.

Le récent conflit à la SNCF démontre ce décalage et une capacité de nuisance considérable. Au-delà de l’impact direct sur la vie de millions d’usagers, et un coût considérable pour l’économie qui n’en a vraiment pas besoin (150 millions d’euro uniquement pour la SNCF), le véritable scandale de cette grève était bien dans un rejet incroyable de la légitimité de l’Assemblée Nationale à légiférer quant à l’organisation et au futur d’un service public. Ce ne sont pas les quelques amendements introduits, et confirmant un statut déjà largement protecteur, qui étaient le véritable enjeu de ce conflit, mais un rappel du pouvoir d’une minorité organisée et structurée.

Cette minorité se retrouve dans le nouveau blocage de la SNCM qui touche directement notre territoire et un service public assurant l’indispensable continuité territoriale. Sa nuisance et son coût sont considérables. Là encore les syndicats rappellent avec arrogance qu’ils contrôlent quelques verrous, là encore les autorités temporisent, là encore les intérêts corporatistes (exprimés ou discrets) s’opposent à l’intérêt général sous le prétexte fallacieux de le défendre.

Le pays connait une période difficile de crise économique et de perte de sens qui impose des réformes profondes et la remise à plat d’habitudes obsolètes. Nos entrepreneurs, nos entreprises et nos salariés, ne pourront réussir, grandir et perdurer qu’à ces conditions de lucidité et de courage.

*Syndicat : grec « sun », avec, et « dike », procès, justice.
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