Edito d’Yves DELAFON – Janvier 2017

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 L’éloge de l’échec

On ne peut promouvoir l’esprit d’entreprise tout en refusant de reconnaitre la possibilité de ne pas réussir.

Le « failure is always an option » du Failcamp[1] québécois rappelle à juste titre une évidence que nos sociétés nient régulièrement en affirmant la nécessité d’une excellence normée, et la mise à l’index de l’échec.

Si un dépôt de bilan reste encore infamant dans notre pays, il est souvent considéré dans d’autres cultures, comme une expérience susceptible de contribuer à la réussite, une étape vers celle-ci.

Nous sommes pourtant tous constitués pour une large part de nos insuccès (scolaires, sentimentaux, professionnels…), et ce sont eux qui, par résilience ou analyse objective, font nos succès.

L’échec est aussi, souvent, l’occasion de constater une erreur d’aiguillage. Pour en citer un grand spécialiste, avant qu’il ait pu affirmer son génie, Albert Einstein, « Tout le monde est un génie. Mais si l’on juge un poisson à sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ». Combien de décrochages scolaires, combien de défaites professionnelles, combien de vies gaspillées, faute d’avoir pu sortir des ornières d’un système éducatif et social stérilisant, prônant l’amélioration des points faibles, plutôt que la mise en valeurs des forces et des différences, interdisant l’échec sans en expliquer la valeur ?

Que dire de l’introduction du « principe de précaution » dans notre constitution en 2015 ? Justifié dans son origine (protection de l’environnement essentiellement), sa compréhension, et son invocation constante, paralysent l’initiative, justifient l’indécision, stérilisent l’entreprenariat, diabolisent l’idée même d’échec, confortent la lâcheté.

De Gaulle, Darwin, Steve Jobs, Nelson Mandela, Abraham Lincoln, ou encore Winston Churchill, Sochiro Honda, Barbara, JK Rowling,… ont tous été de remarquables losers avant de connaître le succès ou la gloire. Sans être connus, combien de nos entrepreneurs de terrain (individuels, TPE, PME…)  ont établi leurs activités du premier coup ?

Je vous invite à lire le dernier ouvrage de Charles Pepin[2] qui, entre autres réflexions remarquables, rappelle cette réponse d’Edison à l’un de ses collaborateurs qui lui demandait comment il supportait tous ses échecs : « Je n’ai pas échoué, j’ai réussi de nombreuses tentatives qui n’ont pas réussies ! ».

Alors, regardons avec bienveillance nos insuccès, nos défaites et nos tragédies, rebondissons après nos échecs qui sont, en fait, l’apprentissage de nos réussites !

[1] https://www.facebook.com/FailCamp/ [2] « Les vertus de l’échec » – Ed Allary
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